De l’inconscient la plupart des personnes qui s’y sont intéressées n’en perçoivent par définition que la seule vision psychanalytique élaborée initialement par Freud, or, au-delà du simple terme qui recouvre des méandres extrêmement flous de la psyché humaine, très rares sont ceux qui pourront, même parmi les spécialistes, assurément en expliquer les contours avec une exacte certitude et l’assurance d’être dans le vrai tant cette notion d’inconscient reste encore aujourd’hui mystérieuse, à l’orée des sciences, entre celle de la réalité biologique d’un cerveau vivant et celle de la spéculation intellectuelle sur la réelle nature immatérielle de la pensée humaine. Si l’on ne peut effectivement pas douter que nous ayons un cerveau, encore que pour certaines personnes l’on puisse en douter avec ironie, le fonctionnement de cet organe cortical ne s’explique d’aucune façon unique et simple tant celui qui en mesure la tache est aussi l’instrument de sa propre étude, à savoir : l’humain, sa conscience étant paradoxalement confrontée à sa propre image dans un miroir insondable se reflétant à l’infini sur son inaptitude à se comprendre lui-même.

Néanmoins, le fait de nommer et de tenter de caractériser ce que l’on ne connaît pas demeure une toute première avancée notable sur le chemin de la compréhension, et de ce fait "l’inconscient" apporte dans sa propre définition ce rapport intime au conscient en lui apportant, selon la psychanalyse, une pièce essentielle restant dans les coulisses de notre psyché, une sorte de boite noire de notre "moi" où l’on pourra y placer tout ce que l’on ne sait pas encore mais dont on pense, à tord ou à raison, en trouver des explications assez rationnelles pour qu’elles soient plausibles, voire fondées… Ainsi Freud axe principalement toute sa théorie sur l’aspect exclusivement sexué de cet inconscient, une notion spéculative qui s’appuie sur des rapports sociaux où la sexualité justifie à elle seule la par d’ombre de cet inconscient, entre le "ça" des basses pulsions enfouies dans notre psyché et le "surmoi" refoulant ou sublimant cet assaut avec une morale bien adaptée à la vie en société… Bien évidemment, en ésotérisme l’initié ne perçoit pas cet "inconscient" sous un même angle si restreint et y apporte d’autres éléments bien plus constructifs et ouverts. C. G. Jung, autre psychanalyste innovant, était très certainement de ces initiés dont les travaux allaient radicalement modifier le paysage trop normatif de son époque…

Lorsque C.G. Jung pousse bien plus loin la psychanalyse dans ses retranchements avec des apports majeurs, il remet pertinemment d’une certaine façon les compteurs de cette institution à zéro en allant bien plus loin que Freud, ceci avec d’autres orientations fondamentales qui ne limitent pas le "moi" conscient dans un simple carcan aux allures basiquement institutionnelles et autres postures sociétales acceptables pour son époque bourgeoise, car c’est au-delà des mécanismes très moralisateurs du "ça" et du "surmoi" qu’il envisage aussi des processus complémentaires plus prometteurs et audacieux via ses nouvelles et modernes notions "d’archétypes", de "synchronicités" et "d’inconscient collectif", pour ne citer que celles-ci. Ainsi, grâce à lui la psychanalyse put prendre une stature bien plus élaborée et universelle en rejoignant peu à peu une vision plus large s’apparentant à celle des grands initiés, offrant à la fois un point de vue psychanalytique de l’esprit humain ayant en plus cette extraordinaire intuition qu’il en existe d’autres dimensions subtiles et cryptées, ce que l’ésotérisme avait su déjà défricher depuis de nombreuses années.

Dans ce sens "l’inconscient collectif" de Jung s’apparente à une réalité ésotérique qu’il existe une dimension spécifiquement non matérielle en relation avec l’esprit humain, que ce type d’inconscient interagit discrètement sur le conscient selon des règles qui ne sont pas forcément celles que nous connaissons ici-bas mais qui contribuent à définir nos orientations existentielles à la fois personnelles et collectives. De cette dimension autre, même si le processus est encore présenté dans le cadre de la psychanalyse, il faut y voir assurément une fonction pleinement ésotérique d’ordre supérieur, selon des paramètres issus d’une logique non matérialiste mais supra-humaine et par conséquent ayant des orientations dites karmiques, c’est-à-dire propres à encadrer de "plus haut", sur un autre plan supérieur au nôtre, l’ensemble de nos choix existentiels terrestres à des fins d’évolution et d’expérimentation d’un libre arbitre humain bien encadré.

En associant les travaux de la psychanalyse jungienne à ceux des ésotéristes modernes l’on peut alors se poser des questions plus pertinentes que d’envisager de simples hypothèses hasardeuses, en effet il existe trop de recoupements d’ordres pratiques ou symboliques pour n’en faire qu’une théorie mais au contraire y voir un commencement de vérité avec des contours plus clairs quant à la réalité d’une sorte de guidage ou guidance de l’esprit humain, du moins de sa conscience, non seulement dans le choix de ses propres pensées mais aussi de ses actes qui de facto en découlent, et donc dans l’élaboration du parcours existentiel terrestre, ce qu’on appelle tout simplement la vie. L’inconscient, initialement au départ pensé sous un point de vue purement psychanalytique et théorique, serait finalement cette transition, bien réelle du haut vers le bas, c’est-à-dire d’une dimension supérieure vers notre plan terrestre matérialisé, ceci pour permettre aux individus de jouer leur propre rôle tout en étant encadrés discrètement par une sorte de libre arbitre relatif suivant une voie modératrice bien spécifique, étant dans ce sens "karmique" par définition.

Dans de nombreuses cultures et traditions cet aspect de guidance supérieure demeure très présent notamment dans des textes sacrés sur tous les continents et en toutes époques. Que se soient rejoints plusieurs types de conceptions modernes de l’esprit humain, psychanalytique ou plus ésotérique dans les processus étudiés, l’on ne pourra alors que concevoir que ces deux univers pourtant très différents puissent se rencontrer et aboutir aux mêmes résultats : trouver des solutions existentielles aux complexes problématiques qui se présentent, dans un cas en passant par le décryptage de l’inconscient via l’analyse praticienne, dans l’autre cas en passant par des travaux de magie afin d’interroger directement l’entité-guide via des rituels adaptés pour entrer en contact avec ce plan supérieur. Bien entendu, ces deux méthodes, en apparence très éloignées, semblent différer et parfois même s’opposer, en fait il n’en est rien, les deux parlent à cet inconscient, individuel ou collectif, une sorte d’entité pleinement active même si nous ne pouvons rien en percevoir ici-bas avec nos sens communs, sauf peut-être tout simplement avec un véritable "bon sens", très terre-à-terre mais déjà bien éclairé sous certains angles ! Psychanalyste et chaman : même combat salvateur !